Alors, samedi matin, je suis tranquillement en train de lire mon journal, et à la page 2, je tombe sur ceci :
En plein milieu d’un spread (double page) géant, un sondage sur l’état d’esprit des québécois sur leur sujet préféré, ce qu’on pense d’eux. En soi ce n’est pas si mal, on est toujours curieux d’en apprendre plus sur soi-même. Mais à la question 4 (sur 12), je suis flabergasté (étonné) de constater que le mot Régresse contient une EXPLICATION en parenthèses. Apparemment, le mot Régresse est un mot trop complexe (dur) pour les lecteurs (acheteurs) de La Presse. Il faut donc en rajouter.
Alors y’a quelque chose que je ne peux pas comprendre : comment La Presse peut-elle penser que les lecteurs (vous) sont trop stupides (niaiseux) pour comprendre le mot Régresse ?
Je vous rappelle qu’il est clairement placé dans un contexte que la plupart des lecteurs (acheteurs) de La Presse connaissent : c’est à dire un sondage, où TOUTES les questions présentent :
- une réponse positive
- une réponse neutre
- et une réponse négative
toujours dans le même ordre, et qu’il y a 12 boîtes comme ça sur la double page, toutes structurées (faites) de la même manière. Avec des jolies couleurs.
Dans ce cas n’aurait-il pas été plus simpe de mettre seulement le mot Recule tout seul ? Et Stagne ? il a pas besoin de parenthèses, celui-là ? Stagne ? Quessé ça veut dire, ça ? Heulsétu, moé, boudcrisse ? Y’a personne qui va compredre ça, des mots à 100 piasses de même.
Dans mon travail de design web, je suis très très très très souvent confronté à des clients qui sentent le besoin de tout expliquer pour le pauvre monde, parce qu’ils vont pas comprendre. Ils nivellent par le bas, non pas pour des raisons logiques ou argumentées, mais plutôt parce qu’ils ont l’impression, la conviction, que les visiteurs sont des idiots, qu’il faut les prendre par la main et leur donner tout cuit dans le bec. Tsé, l’internet, c’est compliqué ça.
Je constate cette attitude chez les gens qui viennent de la pub traditionnelle (principalement de la télé) où ils ont appris, je ne sais trop comment, que le retardé mental qui rote sa bière entre le souper et les nouvelles a le QI d’une pantoufle. Mais bizarrement, ces millions de retardés parviennent quand même à changer le fond de leur page MySpace et à envoyer cette page à un ami, même si on n’a pas le paragraphe de 200 mots qui explique qu’est-ce qui va arriver s’ils cliquent sur le câ… sur le bouton qui dit «Cliquez ici». Étrangement, s’ils sont motivés, les gens trouvent leur chemin tout seuls.
Je suis habitué à cette attitude méprisante et réductrice dans le monde du web. Mille fois j’y ai été confronté dans ma carrière. Je suis même parvenu parfois à la contourner, forcément, avec l’expérience. Mais pour la première fois de ma vie, je constate que cette attitude se répand hors du giron du multimédia… et qu’elle contamine les médias traditionnels.
En effet, y’a quelque chose qui recule.
Bin non, je ne peux pas croire qu’ils ont vraiment spécifier !
Progresse c’est facile a comprendre, mais dès que l’on change le préfixe, non, la ça ne vas plus, c’est totalement incompréhensible, besoin d’explication !